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Je ne sais pas pourquoi, mais dernièrement, j'ai relu mon Decades... qui, comme le titre de cet article l'indique, me manque !
Du coup, j'ai remis mes cc du XIXe siècle pour faire un petit tour dans ma partie dédiée à Martial et consorts. Tout a l'air d'aller bien, à part un bug qui affecte l'action de cuisiner (j'ai dû changer les meubles) mais contrairement à mes parties plus récentes, mes sims ne vieillissent pas automatiquement !
Petit tour d'horizon :
Misère, Martial est attiré par sa femme, la sœur aînée de sa femme et la mère de sa femme !!
Bon, là, ça ne m'étonne pas...
Vite Martial, lâche toutes tes corvées en cours, Léonie a envie que tu lui fasses un bébé !
De son côté, Marthe rend visite au témoin de mariage de son frère qui l'a fait danser ce jour-là et euh... regarder la feuille à l'envers...
Elle éprouve pour lui une très forte attraction !
Le courant semble très très bien passer !
Non mais, ça va pas, Marthe ? C'est pas comme ça que je t'ai élevée, hein !
Evidemment, Attila a remarqué les coups d'œil peu discrets de la demoiselle sur son popotin et saute sur l'occasion... Pfff...
Et Marthe, peine arrivée sur le lieu de rendez-vous, saute sur ses lèvres !
Ca commence bien...
Eh bien voilà, pas la peine de se précipiter, apprenez d'abord à vous connaître !
Oui, ça va, j'ai bien compris que tu avais un grand besoin d'intimité physique !
Le rencard s'est terminé pile poil sur le crac-crac et Marthe a utilisé aussitôt le buisson une deuxième fois mais cette fois pour faire la sieste, complètement épuisée...
Espérons qu'elle ne revienne pas avec un souvenir de cette petite escapade dans la nature... *soupir blasé*
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J'ai découvert hier le Decades écrit par Fanny Carson et je suis déjà complètement fan...
Si vous n'en pouvez plus d'attendre mes majs sur le mien, je vous invite à découvrir celui de Fanny !
Je suis sûre que vous l'adorerez comme moi...
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Marthe déposa le plateau du petit-déjeuner sur la crédence près du lit avant de se diriger vers les fenêtres dont elle tira les rideaux sur un matin ensoleillé.
« Madame a bien dormi ? », s'enquit-elle doucement.
Mme Desjoyaux se cala contre ses oreillers, avant de ramener sa longue tresse sur sa poitrine et de soupirer.
« Ce n'est pas pareil quand vous n'êtes pas là... Lucienne est pleine de bonne volonté mais qu'elle est maladroite ! Encore heureux que la représentation d'hier soir au théâtre était très satisfaisante : les artistes ont rivalisé de talent et de verve si bien qu'ils ont été applaudis de très longues minutes ! Et vous, comment s'est passé le mariage de votre frère ? Enchaîna-t-elle sans transition. A vrai dire, je ne pensais pas vous voir à mon réveil... Ne deviez-vous pas dormir là-bas ?
— J'ai préféré profiter de la voiture d'un des invités et rentrer juste après le départ des mariés, répondit Marthe, mais le mariage était très bien ! D'ailleurs, je remercie Madame de m'avoir donné sa vieille robe. Après l'avoir rafraîchie, elle semblait sortir de chez le tailleur !
— Vous avez des doigts de fée, Marthe ! Je vous ai vue partir de la fenêtre de ma chambre et vous étiez très élégante, je peux vous l'assurer... »
Depuis huit ans que Marthe Lambert était à son service, Mme Desjoyaux, qui passait pour une maîtresse exigeante, n'avait, depuis le début, que des louanges à adresser à sa femme de chambre qu'elle trouvait conforme à ce qu'elle attendait d'une domestique : active, soignée, discrète, honnête, patiente, mais surtout, décente dans ses propos. La patronne de Marthe n'avait pas hésité quelques années auparavant à réclamer de son mari une épuration de la domesticité après avoir entendu son fils de douze ans répéter un juron du cocher et sa fille de sept ans raconter sans le comprendre un écart de la femme de chambre. Faisant la chasse à tout ce qui aurait pu corrompre la pureté et la chasteté de son foyer, Magdeleine Desjoyaux avait pourtant hésité, en femme prévoyante et jalouse, à embaucher Marthe qu'elle trouvait trop jolie, mais elle avait été charmée par les manières naturellement distinguées de la jeune femme si éloignées de sa condition inférieure.
Par la suite, Mme Desjoyaux n'avait jamais eu à regretter son choix. Marthe avait même su se rendre indispensable grâce à ses talents de coiffeuse et de couturière. Madame avait pris l'habitude de l'emmener avec elle quand elle allait à Paris chez les grands couturiers. Elle faisait passer sa femme de chambre pour une amie, et, après avoir longuement examiné les mannequins, elle se retirait sans avoir rien acheté ; Marthe n'avait plus ensuite qu'à exécuter la copie la plus fidèle possible de l’un des modèles entrevus. Ce dont elle s'acquittait avec un talent consommé permettant à sa patronne de passer pour la femme la plus élégante des Ardennes !
« Marthe, descendez donc dire aux domestiques de se réunir dans une demi heure dans le réfectoire où je viendrai leur donner les instructions pour la journée, puis revenez pour m'aider à m'habiller et me coiffer !
— Bien, madame. »
Plus tard, alignée dans l'entrée avec les autres domestiques, la jeune femme n'avait que peu prêté attention à la dictée des volontés de Madame, tourmentée par les souvenirs d'un passé honteux qu'elle croyait définitivement oublié mais que le mariage de son frère avait fait resurgir.
Sa patronne étant partie visiter une amie, elle se précipita dans sa chambre, s'aspergea le visage d'eau fraîche. Mais elle se sentait toujours aussi mal, au bord de la crise de panique. L'air venant à lui manquer, elle se laissa tomber au pied du lit, les épaules adossées contre le sommier, les mains appuyées contre sa bouche dans une tentative dérisoire pour retenir ses gémissements de honte et de désespoir.
Tout à l'heure, dans la chambre rose, pour la première fois, elle avait menti à sa maîtresse.
Le mariage de son frère avait été un véritable déchirement pour elle. Elle avait toujours cru que le jour de son retour aux Agasses — après en avoir été en quelque sorte bannie — marquerait pour elle et son petit frère le début d'une association fructueuse, comme ils se l'étaient promis, adolescents. Elle économisait durement dans ce but, et seule la pensée de revenir à l'endroit où elle avait connu ses rares moments de bonheur l'avait aidé à tenir le coup dans les deux premières maisons où elle avait servi et où on avait exigé d’elle, même malade, un labeur d’animal.
Deux mille francs. Voilà la somme qu'elle avait réussie à économiser sou après sou et qui dormait sur son livret de la Caisse d'épargne, en attendant d'être investie aux Agasses.
Deux mille francs. C'était également le prix pour l'innocence d'un enfant, ce prix que l'on avait proposé à son père quand ils vivaient encore à Paris.
Deux mille francs. Cette somme jumelle, qui faisait écho à ce passé sordide, lui revenait comme un crachat en plein visage et provoqua chez elle le début d'un rire aussi incongru qu'hystérique qu'elle étouffa dans ses genoux serrés.
Durant des années, elle avait réussi à occulter les aspects les plus sinistres de son histoire, à se persuader qu'elle n'avait rien à voir avec cette ancienne Marthe, que les événements qui l'avaient si douloureusement touchée étaient arrivés à une autre personne. Elle avait appris à dissimuler ses émotions, à paraître ce que l'on attendait d'elle, tant et si bien que, sans plus en avoir conscience, elle jouait continuellement un rôle parfaitement maîtrisé, dont elle pouvait changer à volonté. Elle avait fini par s' attacher à cette Marthe inaccessible dont l'air faussement froid et hautain tenait à distance les indésirables.
Mais l'autre nuit, son vernis s'était craquelé.
Comment en était-elle venue à s'oublier ainsi ?
Pour quelques heures de plaisir, elle avait pris le risque insensé de se voir chassée sans référence de chez ses patrons. Or, avec le mariage de Martial, la porte des Agasses lui était définitivement fermée. La maison de son frère avait désormais une maîtresse et elle ne pourrait pas y trouver refuge si jamais un bâtard venait à enfler son ventre !Jusqu'au dernier moment, elle avait cru que la cérémonie de mariage n'aurait pas lieu, persuadée que Léonie Lesaunier ne se présenterait pas à la mairie. Mais quand son frère et sa fiancée improbable avaient échangé leurs vœux, elle avait compris que tous ses rêves de bonheur à Beauchamps venaient de s'effondrer, la renvoyant à sa terrible solitude.
Elle avait caché son désespoir derrière un masque souriant. Avait bavardé avec les invités. Dansé à tour de rôle avec eux. S'était laissée accaparer par le témoin de Martial, ce jeune Attila Bonaventure que son oncle avait embauché plusieurs années comme garçon de ferme et qui était devenu comme un membre à part entière de la famille. Elle ne l'avait que fort peu côtoyé à cette époque, étant déjà à moitié partie de la maison pour un travail de gouvernante chez un riche veuf du village.
Attila était devenu un très beau jeune homme. Très beau et très entreprenant.
Et Marthe, de son côté, se sentait tellement triste ! Si triste et si seule ! Elle était fatiguée de devoir se montrer continuellement forte, sans une épaule solide sur laquelle se reposer, si bien que, grisée par les attentions cajoleuses du jeune homme, elle s'était laissée entraîner vers la grange, ponctuant leur cheminement de longs baisers qui les laissaient tout pâles de désir.
Là, au creux du foin et de son odeur entêtante, elle lui avait donné la fête de son corps.
La dernière fois qu'elle avait autorisé un homme à la toucher remontait à plus de dix ans. Mais c'était la première fois qu'elle prenait autant de plaisir à l'acte charnel, allant jusqu'à recommencer et à oublier toute prudence.
Attila avait tenu à la raccompagner à Charmay-les-Forges et ils avaient profité de la voiture d'un cousin de la mariée qui habitait non loin de leur destination. Il l'avait serrée dans ses bras durant tout le trajet, tout en caressant de sa main libre la peau tendre de son poignet, et elle s'était accrochée à sa veste, le nez enfoui dans son cou, à la fois heureuse et malheureuse. Elle savait ce moment de pure joie éphémère tout en se reprochant déjà sa faiblesse avec lui. Lui qui n'avait rien à lui offrir, à part sa vie précaire de journalier et une succession ininterrompue de grossesses malencontreuses qui finiraient peut-être par avoir sa peau. Attila avait l'air d'un bon garçon mais elle refusait de vivre la même vie de misère que sa mère et de l'infliger à ses enfants.
Ses peurs la reprirent. Après le plaisir coupable de cette nuit, elle tremblait que son inconduite ne soit suivie d'un fruit indésiré, la réduisant au renvoi, puis à la misère. Elle ne voulait pas revivre la déchéance qu'elle avait connue à Paris...
En sortant précipitamment de sa chambre, elle heurta le nouveau cocher de Monsieur qui la retint par le bras quand elle tenta de se dégager.
« Que vous-arrive-t-il, mademoiselle Marthe ? Lui demanda-t-il avec son accent italien chantant, vous avez l'air bouleversé...
— Comment osez-vous me toucher ? » le rembarra-t-elle d'une voix dure.
L'homme, ébranlé par le ton hostile de la jolie servante, la lâcha comme si elle l'avait frappé, puis la suivit de son regard peiné.
Marthe entrait dans la cuisine où Amélie préparait déjà le repas du midi, aidée par la jeune Lucienne.
Elle se précipita vers la vieille cuisinière.
« Je t'en supplie, Mélie, envoie-moi acheter un ingrédient manquant, je te revaudrai ça... »
En sortant, elle recroisa Agostino Sghia qui fumait près de l'entrée des domestiques. Il détourna les yeux dès qu'il l'aperçut, encore gêné par l'attitude cassante de la jeune fille, et elle passa près de lui, le menton fièrement redressé mais contrariée qu'il l'ait vue sortir.
Là où elle se rendait, personne ne devait le découvrir.
Jamais...________________________________________________________________________________
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